Dominique et les chiens
En 20… j’ai eu l’occasion d’exposer des nus à Nice lors d’un salon consacré à l’érotisme. Au cours du vernissage une superbe quadra, à la chevelure flamboyante et habillée de manière particulièrement moulante, m’aborde et entame la conversation (de son anatomie, on ne pouvait rien ignorer, et, elle n’avait certes pas à rougir de ce qu’elle avait à exposer).
Dominique, puisqu’elle se nomme ainsi, me pose mille questions, sur mes techniques (j’en dis le moins possible) mes modèles, mes sujets d’inspiration. Elle me dit son souhait de poser, et la conversation finit par l’idée que l’on pourrait tout aussi bien la poursuivre assis à la terrasse d’un café en face la mer.
Rendez-vous est donc pris.
Nous voilà devant une bière, entamant le jeu de la séduction (nul n’est dupe !). La conversation va bon train, les mains s’effleurent, les regards échangés sont prometteurs. Le dialogue en arrive à cette phrase qu’elle prononce sur le ton de la banalité :
- Je vis seule, j’ai 4 chiens…
Je n’aime pas les chiens. On dit que c’est le meilleur ami de l’homme. J’espère que ceux qui croient à cet adage n’ont pas un chien pour meilleur ami !
Dominique ne saura jamais l’effet dévastateur que cette phrase a eu sur notre relation. A l’annonce de cette compagnie canine, je me suis inconsciemment formé une image mentale. Nous sommes nus dans une pièce sombre, à dominante marron. Elle est allongée sur le dos, les genoux remontés sur sa poitrine, nous sommes en sueur, je vais et je viens dans son humidité accueillante, elle s’agrippe à mes fesses, je suce la pointe de ses seins. Je lâche la cime prétentieuse au goût salé et je remarque la présence des quatre clébards autour du lit. Il y a là un berger allemand, un teckel et deux autres molosses que je ne vois pas, mais dont je sais la présence avec certitude.
Ils nous regardent baiser. Surtout le teckel, avec un petit air goguenard, un rien de malice dans son œil noir, et même un côté légèrement gouailleur.
J’étais bien raide et j’avais des frissons plein la queue, mais ces yeux de cerbères concentrés sur notre gymnastique finissent par avoir raison de ma virilité. Me voilà tout flasque et mon pieu s’est transformé en un vers blafard qui pend mollement entre mes cuisses et quitte malgré lui l’antre dégoulinant de Dominique.
Pourquoi en particulier ce teckel (alors qu’elle ne m’a rien dit sur la race de ces compagnons) ? Ai-je vu dans ce saucisson sur pattes un symbole phallique concurrent de mon propre phallus dressé vers ma partenaire d’un soir ? Je n’en sais rien.
Toujours est-il qu’à l’annonce de la présence de quatre chiens dans son appartement, l’envie de Dominique m’a instantanément passé et que, prenant bien soin d’éloigner notre conversation de tout objet érotique, j’ai réussi à rentrer seul dans ma chambre d’hôtel où personne ne m’attendais.
Et, quoique ayant noté son numéro de téléphone, j’ai pris grand soin de ne jamais en faire usage !
Nice, septembre 20....