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Les carnets d'Eros
Les carnets d'Eros
  • Peintures aquarelles textes érotiques, lesbiens, gay, sexuels, sensuels, sensibles, troublants, envoûtants, nouvelles érotiques où hommes et femmes frémissent à l'unisson et parfois sans se comprendre.
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16 juin 2015

Odile

La délicieuse Odile Brehat à la plastique irréprochable et à la plume alerte et quelque peu tournée vers les choses d'Eros (allez voir ses pages Amazon) a participé à mon projet "Nu à quatre mains" dans lequel les participants me proposent des poses que je mets en image, mais aussi des textes que je colle sur le tableau. Odile constitue le 4eme opus de cette série.

Titre : Odile. Auteur et sportive qui entretien avec son corps un lien de séduction et de performance.

80 X 60

Technique mixte sur papier. Texte écrit de la main d'Odile Bréhat.

2015

OB dessin7
Le texte d'Odile in extenso :

Personnellement, je n’ai pas de problème avec la nudité, mais j’ai toujours du mal à voir mon corps autrement que comme un outil. Alors quand après moult tergiversations, j’ai décidé de me lancer dans ce nu participatif, ce qui m’a posé le plus de problèmes a été une petite phrase dans le descriptif du projet « le corps nu ne dévoile rien » : Je vous veux VOUS ! 

Et moi, je suis qui finalement ? Je sais comment je me vois, comment je me perçois, je sais ce que j’apprécie, ce que je déteste, et je sais surtout comment masquer mes faiblesses et mes défauts. Alors si "Carnets d'Eros" nous veut nous, sans masque, sans fard, dans une nudité absolue, j’avoue que je commence à trembler des pieds à la tête. Parce que pour moi le corps nu ne dévoile rien, mais les intentions, les attitudes d’un corps dévoilent beaucoup. Je ne crois pas que je sache être naturelle puisque mon corps a toujours été un outil. Un outil de séduction ou un outil de performance. Un outil de plaisir ou de souffrance. Comment aborder cette thématique et révéler qui je suis alors que j’en ai à peine conscience à l’aube de mes quarante ans.

Et puis je me suis posée quelques instants et j’ai levé le nez du guidon. Ce sont les détails qui nous révèlent. « Le bon Dieu est dans le détail » disait Flaubert et Nietzsche affirmait que c’était le diable. En tout cas les deux entités semblaient s’accorder sur le fait que c’est le détail qui faisait l’essence. Je me suis plantée devant le miroir, nue, et j’ai détaillé ce corps qui m’appartient et qui souvent me semble étranger. Si demain on devait me cloner, les seuls détails qui pourraient différencier la copie de l’originale ce sont mes cicatrices. 

Il y a toutes sortes de cicatrices, celles qui sont visibles et celles qui sont cachées. Celles qui nous heurtent encore et celles qui nous rendent plus forts. Celles qui siègent au fond de notre âme et les autres qui habitent sur notre corps.

Des cicatrices, tout le monde en a, parce que la vie est faite de blessures et d’apprentissages. Il y a celle qui me fait sourire, blottie sur le côté de mon genou. Mémorable souvenir de cavalcade à travers champs lorsque j’étais enfant. Il y a celle que je déteste et siège sur ma joue, celle-ci je me la suis pratiquement infligée et elle sera a jamais reliée au souvenir le plus douloureux de ma vie. Il y a encore cette autre invisible sur le bord de mon aréole droit et qui me rend plus forte chaque fois que je la touche, car elle témoigne de ma victoire sur la peur de la maladie. Il y a celle sur mon périnée qui m’a permis deux fois de donner naissance à des êtres humains. Et puis, il y a aussi toutes celles qui habitent dans mon cœur, toutes ces trahisons, ces petits accrocs, ces coups de canifs que j’ai reçus, et qui parfois saignent encore lorsque les souvenirs sont trop vifs.

Et puis il y a enfin toutes celles que j’ai infligé à ceux que j’aime et ceux que je déteste. Celles qui témoignent de ma colère, mes vengeances ou ma folie et qui font de moi la personne que je suis.

Et pourtant lorsque l’on voit mon corps dénudé, sans cette cartographie de la cicatrice, on ne voit qu’un corps de femme comme tant d’autres…

Effectivement "Carnets d'Eros", tu as raison, le corps nu ne dévoile rien

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