Fascinant fascinus, ou le bon usage de la bite sur la façade des maisons romaines !
En voyant la statue colossale d'Hercule, elle admire la musculature et les fesses du demi-dieu nu.
Puis une évidence. Les nombreux nus masculins du très riche musée archéologique de Naples ont tous un point commun. Le sexe est petit. Aucun de ces types, empereurs, dieux ou anonymes à "corps idéal" (sic) n'aurait pu répondre à une annonce du type "cherche mec très bien monté"
C'est qu'à Rome, avoir un petit sexe est un critère de beauté autant qu'un signe de respect des codes sociaux qui régissent le rapport au corps. Car avoir un gros sexe est un signe de quasi animalité et d'incapacité à se contenir sexuellement et, pire encore, on pensait que ça pouvait créer l'infertilité. Et ça c'est pas bon du tout !
De même, la multiplicité des conquêtes ne faisait pas des hommes des Don Juan ou des Casanovas regardés avec envie et admiration... mais des êtres efféminés, DOMINÉS par leurs passions et leurs désirs, des types qui échappent au contrôle d'eux-mêmes. Et ça, c'est pas mieux !
Quand on arrive au "cabinet secret" du même musée (cabinet secret qui, du reste, est ouverts à tous) on reste stupéfait de la multiplicité des représentations phalliques. Chez les romains elles sont en effet pléthoriques et présentes tant dans l'espace public que dans la sphère privée. J'entends par là, les pièces de la maison que tout le monde fréquente ; femmes, enfants, invités...
La notion d'obscénité n'existe pas chez les romains et les fascinus (sexe en érection) sont légions. L'enseigne d'une boulangerie, un coin de rue, un pont, l'entrée de prestigieuses maisons sont signalés par des bites bien dures en bois, pierre, fresque, mosaïques, ou carillons de bronze, rien n'est trop beau pour représenter le membre viril.
Contradictions avec ce que j'ai dis précédemment ? Que non point ! Le sexe dressé, par sa vitalité triomphante est un remède contre les malheurs du temps, le mauvais oeil, la déveine, la malchance. La bite est un gris-gris quoi, un porte bonheur. Elle est apotropaïque.
Elle protège la famille, ses visiteurs et invités, le boulanger et ses clients, elle protège les récoltes, celui qui traverse le pont, passe le carrefour, traverse la rue... etc.
Priape, dieu de la fertilité est présent en érection dans toutes les maisons. Dans la maison des Vétii (du nom des deux frères qui y vivaient) à Pompei il pèse des fruits et le contrepoids c'est sa queue (superbe fresque très colorées CF photo ci-contre) ! Car souvent à Rome, l'érotisme est associé à l'humour. Il y a par exemple ce jeton ou l'on voit une femme se faire sodomiser debout par un amant tout petit monté sur un escabeau. Elle se retourne et d'un geste de la main moque la petite taille de celui qui l'a baise !
Priape est un dieu sans temple (on n'en a pas retrouvé) mais c'est celui que l'on trouve partout dans les maisons. Sans doute le culte le plus communément répandu dans l'empire.
Priape est par exemple très lié à la levée de la pâte à pain. Je vous fais un dessin ? Non, vous comprenez l'image.
Le christianisme triomphant va, comme vous l'imaginez, lutter contre ces mentalités et comportements qui sont perçus comme péchés et obscénités.
Pourtant ces images n'ont pas à voir avec le sexe ou la pornographie. Le romain et à fortiori la romaine sont encouragés à la tempérance sexuelle ... dans le couple. Il ne fallait pas que l'homme soit trop entreprenant avec madame. On a même des procès intentés par des femmes contre leur mari trop désireux du corps de leur épouse ! On baise la matrone dans un seul but. Engendrer du petit romain !
Pour les romains cependant, ils n'est pas bon de trop réprimer ses envies sexuelles. Pour ça, il y a le lupanar. Il est tout à fait sain d'y faire un tour. Même pour le très austère Caton. C'est marrant comme mentalité hein. Finalement, vaut mieux aller baiser une(un) esclave en payant que sa chère et tendre gratuitement et par amour !
Je parle là de le sexualité masculine. Celle des femmes ? Rien ! Le cunnilingus aurait bien fait rire les romains ! Quoi, un truc ou seule les femmes ont du plaisir ? Vous n'y pensez pas ma chère Agripine !
Les photos sont prises au musée archéologique de Naples.
- La première et la seconde. Statue colossale d'Hercule tenant la peau du lion. (il a pas un beau cul Hercule ?)
- La troisième. Un fascinus au dessus d'une maison pompeienne.
- la quatrième, fresuqe de la maison des Vetii à Pompei. Priape pesant des fruits avec son sexe en contrepoids. Une fresque qui s'affiche fièrement dans un espace commun de la maison.
- Lampe à huile (l'objet sert à éclairer les maisons, il est d'un usage courant, et il en existe de toutes les formeset de toutes les tailles. Celles-ci représentent Priape.
- L'enseigne du lupanar de Pompei.